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parti radical - Page 2

  • UDI: ratisser large ou réunir les centristes?

    La présence de membres du CNIP (Centre national des indépendants et paysans) dans l’UDI (Union des démocrates et indépendants) pose la question du positionnement politique de cette dernière structure créée par Jean-Louis Borloo et sensée représenter la mouvance du centre-droit.

    Se rappelant sans doute du modèle de l’UDF, le président du Parti radical a voulu une confédération ouverte à tous ceux qui veulent en faire partie, d’où la présence du CNIP dont les positions sont souvent plus proches de l’extrême-droite que du Centre.

    N’oublions pas que l’UDF, dès sa création, a malheureusement abrité dans ses rangs des personnalités bien plus à droite que celles que l’on trouvait à l’époque dans le RPR comme Philippe de Villiers, Christine Boutin ou Roger Chinaud et des hommes qui n’ont pas hésité à s’allier avec le Front national comme, en Lozère, Jacques Blanc ou, en Rhône-Alpes, Charles Million.

    La dernière intervention de François Lebel, maire du VIII° arrondissement de Paris et adhérent du CNIP sur le mariage gay (dont il a le droit d’y être opposé) qui serait une porte ouverte, selon lui, à la polygamie, à l’inceste et à la pédophilie, a des relents nauséabonds dont on trouve des similitudes dans des thèses dont certaines ont abouti à la stigmatisation et la chasse aux homosexuels dans le III° Reich…

    Le fait que l’UDI n’ait que condamné ces propos sans demander au président du CNIP, Gilles Bourdouleix, qui est pourtant signataire du pacte fondateur de l’UDI, de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre de ce militant de son parti (il s’est seulement désolidarisé de François Lebel) est de ce point de vue inquiétant.

    Car, comme l’a déclaré Borloo, le Centre, même celui qui penche à droite, n’a rien à voir avec les positions de l’extrême-droite.

    C’est bien de le dire, c’est mieux d’agir en conséquence.

    Plus largement, cela pose la question fondamentale du positionnement de l’UDI.

    Une clarification semble nécessaire: est-ce un parti attrape-tout sur le modèle UMP (d’autant plus que tout ralliement augmente son poids politique) ou un parti de centre-droit fier de ses valeurs et de ses principes humanistes.

    Il est à espérer que cette clarification se fera dans les semaines à venir et, pourquoi pas, le 21 octobre prochain lors du Congrès fondateur de la formation à la Mutualité dans un V° arrondissement de Paris où aucun maire n’aurait tenu des propos entendus de l’autre côté de la Seine…

    D’autant qu’il est étonnant d’avoir vu les responsables de l’UDI monter au créneau sans relâche pour dénoncer les propos de Jean-François Copé sur le «racisme anti-blanc» (on aurait, évidemment, préféré que le secrétaire général de l’UMP parle de tous les racismes dont celui-ci) alors que ceux-ci méritent un réel débat sur la capacité de la société française actuelle à établir un vrai respect dans le vivre ensemble, partout et de la part de chacun, plutôt que ces réactions d’indignations qui ont pour but un refus de s’engager dans une discussion, certes périlleuse mais pourtant hautement nécessaire, avant qu’un communautarisme pur et dur ne s’installe dans notre pays, séparant artificiellement des individus dont le Centre humaniste a toujours prôné leur valeur en tant que personnes libres et égales.

    Un homosexuel est un membre à part entière de la société française, tout comme n’importe quel autre citoyen, quel que soit sa couleur et ses origines. Les insultes et les violences, qu’elles soient racistes, homophobes ou autres ne sont pas acceptables, d’où qu’elles viennent.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Une rentrée vérité pour les centristes

    Au début de l’été, nous avions laissé les partis centristes groggys après les échecs des élections présidentielles et législatives.

    Démoralisés et se battant pour leur survie, ils ont paru, malheureusement, incapable de prendre la mesure exacte de leur déconfiture pourtant annoncée depuis longtemps par tout observateur un tant soit peu réaliste.

    Au lieu de faire le constat de leurs faiblesses et d’en tirer les leçons, ils se sont repliés dans une posture frileuse ainsi que dans des règlements de compte souvent minables.

    Bien sûr, il y a eu déclarations et agitations sur la refondation d’un espace centriste autour d’un parti unique ou d’une confédération.

    Celles-ci qui n’ont abouti, pour l’instant, qu’à une OPA du Parti radical et de Jean-Louis Borloo - avec la création du groupe UDI (Union des démocrates et indépendants) à l’Assemblée nationale -, ce dernier ayant été assez opportuniste et intelligent pour prendre de vitesse ses concurrents et s’autoproclamer chef des centristes tout en expliquant qu’il n’en était pas un!

    Reste que l’on ne sait pas grand-chose de ses plans sauf qu’il aimerait bien fonder un parti à sa dévotion pour le mettre sur orbite pour la présidentielle de 2017 alors qu’il n’a pas eu le courage de le faire en 2012.

    Mais il n’est pas du tout sûr de parvenir à ses fins.

    Face à lui, il y a, entre autres, le président du Nouveau centre, Hervé Morin qui, lui, avait ce courage mais qui s’est pris une veste n’arrivant même pas à réunir 500 signatures pour aller jusqu’au bout de sa candidature.

    Ce dernier hait autant Borloo que ce dernier le déteste.

    Obligé d’adhérer à l’UDI pour ne pas se retrouver tout seul, Morin veut maintenant la contourner en mettant sur pied un nébuleux «partenariat» avec l’UMP…

    De même, alors que Borloo prône une «opposition constructive», le président du Nouveau centre parle d’«opposition frontale».

    Hervé Morin, redevenu aussi vite sarkoziste qu’il avait été un adversaire déterminé de l’ancien président de la république en le traitant de tous les noms après sa sortie du gouvernement, navigue en eau trouble, ce qui pourrait lui en coûter plus qu’il ne le pense.

    Mais a-t-il d’autres choix s’il veut encore exister politiquement?

    D’autant que son ancien second, Jean-Christophe Lagarde (qu’il hait autant que Jean-Louis Borloo…), a pris date en créant avant les vacances la FED (Fédération européenne démocrate) avec plusieurs élus du Nouveau centre et que l’avenir semble lui appartenir nettement plus qu’à Morin.

    Car si la FED s’est fixée comme premier but de se mettre au service de Jean-Louis Borloo dans son entreprise de mettre la mains sur le Centre, Jean-Christophe Lagarde a une ambition qui cadre mal avec cet altruisme déclaré…

    Il ne serait guère étonnant que le député de Seine-Saint-Denis soit un concurrent sérieux de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy dans les années à venir même s’il est devenu, également, le porte-parole de l’UDI.

    Face à Borloo, il y a aussi François Bayrou dont le Mouvement démocrate peine à encaisser la gifle des présidentielles et des législatives, le laissant actuellement atone.

    Bayrou a décidé de prendre du recul et certains de ses amis souhaitent que celui-ci se prolonge indéfiniment alors que d’autres sont déjà prêts à se rapprocher, soit de la majorité de gauche, soit d’un encore hypothétique rassemblement centriste (même si aucun membre du MoDem ne fait partie de l’UDI).

    Ce qui pose évidemment la question de l’avenir du parti.

    Pourra-t-il se relever de ce nouvel échec ou va-t-il imploser?

    La réponse viendra dans les mois qui viennent.

    On le voit, cette rentrée politique va être cruciale pour la mouvance centriste.

    Sera-t-elle capable de prendre la mesure des défis?

    Le passé récent n’incite guère à l’optimisme.

    Alexandre Vatimbella

     

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  • La réunion des centres n’est pas pour demain

    Jean-Louis Borloo a bien expliqué qu’il cherchait à réunir le centre-droit dans une confédération ou un parti. Du coup, s’il existe un centre-droit, c’est qu’il existe, par définition, un centre-gauche.Et s’il existe une droite et une gauche centristes, c’est par rapport à quelque chose qui se trouve entre les deux, le centre-centre, l’extrême-centre ou, tout simplement, le Centre.

    Bien entendu, comme je l’ai affirmé de nombreuses fois, il n’est pas facile d’être positionné sur ce Centrisme du juste équilibre qui définit l’espace politique du Centre car l’on peut pencher parfois trop à gauche ou trop à droite, l’important étant, néanmoins, de toujours rétablir l’équilibre in fine. De même, être du Centre n’est pas de tout repos puisque c’est avoir des adversaires politiques des deux côtés de l’échiquier politique, d’autant que s’y ajoutent le centre-gauche, souvent allié de la gauche et le centre-droit de la droite (ces centres sont parfois dans un même parti avec la Gauche ou la Droite) avant même toute discussion sur un projet ou un programme. Pour autant, il y a donc trois façons d’être centriste ou au centre de l’échiquier politique si ce n’est du Centre.

    Pour rendre plus compréhensible mon propos, choisissons de le personnaliser avec les trois B: Jean-Michel Baylet des radicaux de gauche (centre-gauche), François Bayrou du Mouvement démocrate (centre-centre) et Jean-Louis Borloo du Parti radical (centre-droit). Ce n’est d’ailleurs fait injure à aucun de ces trois-là puisque chacun d’eux revendique l’étiquette que je viens de leur attribuer. Le seul questionnement pertinent est l’exact positionnement de François Bayrou qui a varié ces dernières années mais force est de reconnaître qu’il n’est ni du côté de Baylet, ni de celui de Borloo. C’est d’ailleurs cela qui fait, entre autres, que la réunion des centres n’est pas pour demain. Il semble, en l’état, impossible que le Mouvement démocrate de François Bayrou rejoigne l’UDI (Union des démocrates et indépendants), le groupe parlementaire créé et dirigé par Jean-Louis Borloo et qui réunit tous les partis qui s’affirment du centre-droit par la voix de leurs leaders (un seul pourrait être plus central, Force européenne démocrate, le nouveau parti de Jean-Christophe Lagarde, mais ce dernier est le porte-parole de l’UDI, positionnée explicitement au centre-droit).

    La preuve, le nouveau refus de Jean Lassalle (un des deux députés du MoDem, l’autre étant rattaché au groupe des Radicaux de gauche) d’en faire malgré tous les efforts déployés par ses membres pour cette «prise de guerre» hautement symbolique. Autre évidence que la réunion des centres n’est pas à l’ordre du jour, l’absence des Radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet à toute discussion sur un Centre uni. Même si Baylet a évoqué cette possibilité plusieurs fois au cours des dernières années (la marginalisation de son parti par les socialistes en étant une des raisons), la présence des Radicaux de gauche dans la majorité présidentielle et dans le gouvernement dirigé par les socialistes montre que l’éventualité d’un rapprochement est actuellement illusoire.

    Dès lors, les centristes vont continuer à marcher sur trois pattes. Et ce, même si le Mouvement démocrate décidait de rejoindre la majorité de gauche car il ne se réunirait pas avec les Radicaux de gauche. Peut-être que ces pattes seront de tailles différentes et que le centre-droit réuni deviendra une force politique importante alors que le Mouvement démocrate aura du mal à résister à l’implosion. Mais nous n’en sommes pas encore là.

    Evidemment, la dispersion centriste est une grande faiblesse en matière de force politique. Les dernières élections présidentielles et législatives en ont été la preuve. Et elle produit un effet réducteur de l’importance politique du Centre, ce qui permet à la Gauche et à la Droite de grignoter l’espace centriste et aux médias d’annoncer la disparition programmée des partis centristes ou leur transformation en groupuscules. En revanche, en étant présents à gauche et à droite, les centristes ont la possibilité d’influer sur les politiques des deux blocs principaux, ce qui est plus souvent le cas qu’on ne le pense. Non pas parce qu’ils inspirent de la crainte mais parce qu’ils permettent de modérer les initiatives trop idéologiques des deux extrêmes, en particulier de celle qui occupe le pouvoir au grand soulagement d’une majorité de la population.

    Pour autant, rien ne remplacera un Centre uni avec un projet centriste ambitieux faisant la part belle aux valeurs du Centrisme. Mais cette configuration n’est pas pour demain. Surtout, la question n’est pas «quand cela sera-t-il possible?» mais plutôt «est-ce possible?», tout court…

    Alexandre Vatimbella

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  • Centristes: se réunir ou non, n’est pas le problème, s’entendre et collaborer, oui!

     

     

     

    Qu’il y ait des chapelles centristes n’est guère nouveau. Je l’ai déjà expliqué, le Centre a toujours été divisé en plusieurs courants et la jalousie avec laquelle ils défendent leur indépendance peut être vue comme, à la fois, un des éléments constitutifs du centriste et une volonté de porter un discours que l’on estime original et légitime.

     

    La réunion des centristes dans un seul parti, au-delà même de sa difficulté, n’est pas, dans ce contexte une obligation. Il ne s’agit pas ici de faire machine arrière par rapport à cette volonté de rapprocher et de réunir les partis centristes dans une refondation globale du Centre.

     

    Il s’agit de prendre acte de cette diversité qui a toujours existé.

     

    Jamais depuis le création de la république, même au temps de l’UDF triomphante, il n’y a eu qu’une seule formation centriste même si cette confédération était dominante (mais elle comptait aussi beaucoup de gens de droite).

     

    En ayant dit cela, l’évidence incontournable veut que ce n’est qu’en étant solidaires entre eux que les différentes formations se réclamant du Centrisme ou située au centre de l’échiquier politique pourront avoir un poids politique suffisant pour gouverner dans une coalition, soit en tant que force motrice, soit en tant qu’allié minoritaire.

     

    Si l’on creuse cette approche, l’important n’est pas non plus de créer une confédération, même si cela semble le meilleur choix actuel.

     

    Non, il suffit simplement mais au minimum, d’un bureau de liaison.

     

    De quoi je veux parler?

     

    L’idée est de permettre à toutes les sensibilités centristes de pouvoir s’exprimer et d’adopter les positionnements politiques adéquats à leurs sensibilités respectives.

     

    Néanmoins, il est évident que toutes ces formations ont en commun des valeurs  communes, une vision humaniste exacerbée et des combats communs en de multiples domaines.

     

    Tout cela abouti à ce qu’il n’y a strictement aucune raison que les différents partis centristes ne soient pas capables de s’entendre, de collaborer pour prendre nombre de positions communes et, surtout, de constituer un front uni lors des différentes élections.

     

    Pour les présidentielles, cela prendrait la forme d’une primaire citoyenne ouverte où chaque formation signataire d’une alliance, pourrait présenter un ou plusieurs candidats.

     

    Pour les législatives, cela passerait par l’élaboration d’une plateforme de gouvernement avec la mise en place de candidatures communes (ou avec des désistements automatiques pour certains cas difficiles) autour d’une même appellation.

     

    Cette organisation de la mouvance du Centre permettrait à tous les partis, du Mouvement démocrate au Nouveau centre, en y incluant des formations proches du Centrisme comme le Parti radical, la Gauche moderne, voire les Radicaux de gauche et Cap 21, d’avoir une caisse de résonnance suffisante pour développer et rendre crédibles leurs idées.

     

    Car l’électeur centriste est toujours là et ne demande qu’à être convaincu de la crédibilité des partis qui se réclament de la même pensée politique que lui.

     

    Et, d’une manière ou d’un autre, ce n’est pas en passant le plus clair de leur temps à se tirer dans les pattes, à se dénigrer constamment, à parler plus de politique politicienne que des préoccupations des Français qu’ils y arriveront mais en se présentant devant le suffrage universel alliés et responsables.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • De l’intérêt de l’indépendance du Centre

     

     

     

    La proximité de certaines de ses positions avec celles de la Droite et d’autres avec celles de la Gauche, fait que le Centre peut s’adosser avec, voire se fondre dans des partis de droite et de gauche.

     

    Ainsi, le centre-gauche avec les Radicaux de gauche s’est depuis longtemps adossé au Parti socialiste alors que le centre-droit avec le Nouveau centre a fait de même avec l’UMP, cette dernière étant déjà une formation regroupant des gens venus de la Droite et du centre-droit.

     

    Dès lors, y a-t-il un intérêt à ce que le Centre soit représenté par un ou des partis indépendants comme, par exemple, le Mouvement démocrate ou, si l’on se projette dans le futur, par une grande formation ou une confédération regroupant toutes les sensibilités centristes comme le fut un peu l’UDF (qui comptait aussi des partis de droite dans ses rangs)?

     

    D’autant que le morcellement du Centre peut avoir un avantage.

     

    Dispersée à droite et à gauche, la sensibilité centriste peut infléchir des politiques trop partisanes et les ramener vers l’équilibre.

     

    A l’opposé, cette dispersion fait des formations centristes adossées et des centristes ralliés des forces d’appoint, souvent en réaction, rarement en action et, surtout, elle empêche la mise en place d’une vraie politique centriste ou beaucoup plus largement inspirée par l’humanisme du Centre.

     

    Une autre question se pose, malgré tout.

     

    Si le centre-gauche s’allie toujours avec la Gauche et si le centre-droit s’allie toujours avec la Droite, quel intérêt y a-t-il à maintenir une fiction d’indépendance?

     

    Amputé d’une grande partie de ses forces, le centre du Centre serait incapable de jouer un rôle politique significatif.

     

    Tel est le cas, actuellement du Mouvement démocrate.

     

    Néanmoins, cette situation d’alliances renouvelées sans réellement de vraies négociations programmatiques est-elle une donnée intangible ou vient-elle du mode de scrutin pour les législatives, majoritaire à deux tours?

     

    Pour les tenants d’un Centre indépendant, l’absence de proportionnelle serait une des grandes raisons, sinon la principale, qui l’empêche d’être un courant politique majeur.

     

    Pourtant cela n’empêche pas la Droite et la Gauche de l’être! Pourquoi?

     

    La première réponse est une évidence: il y a plus de gens qui se disent de droite ou de gauche que du Centre. Mais cela ne suffit pas car 15% à 20% de l’électorat se dit proche du Centre. Et si l’on compte les modérés de droite et de gauche, les partis centristes peuvent séduire à peu près la moitié de la population.

     

    Dès lors, le problème vient, en premier lieu, des centristes eux-mêmes.

     

    Est-ce un déficit d’image ou de connaissance des idées du Centre?

     

    Est-ce parce que les centristes ne sont pas capables de vendre leur projet ou même d’en avoir un?

     

    Est-ce parce que leurs guéguerres internes rebutent les électeurs?

     

    Un peu tout cela à la fois.

     

    Ainsi, que ce soit le Nouveau centre ou les Radicaux de gauche, par exemple, les électeurs ne voient pas une grande différence avec, d’un côté l’UMP et, de l’autre, le PS.

     

    Quant au Mouvement démocrate, son énorme handicap est de n’avoir été, jusqu’à aujourd’hui, qu’un outil au service de l’ambition d’un homme qui se voyait président de la république, François Bayrou. Tant qu’il se cantonnera dans ce rôle, il ne peut prétendre qu’à des revers électoraux.

     

    Une fois que l’on a dit cela, l’indépendance du Centre peut se justifier.

     

    Mais, si formation indépendante il doit y avoir, elle doit avoir un vrai projet pour la société française.

     

    En outre, elle doit être absolument présente à toutes les élections, présenter des candidats partout lors des législatives, des sénatoriales, des municipales, etc. Ce n’est qu’au second tour que ses candidats arrivés derrière ceux du ou des partis avec qui elle a fait alliance doivent se retirer en leur faveur.

     

    Il en va de la (re)connaissance du Centre et des partis centristes et de leur crédibilité.

     

    Ce n’est que dans une indépendance assumée et des alliances claires qu’un parti centriste uni à une légitimité.

     

    Ce n’est pas le cas actuellement.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • La réunion des centristes après la déroute

     

     

     

    Or donc, les centristes ont décidé de créer un groupe à l’Assemblée nationale.

     

    Son nom: l’UDI (Union des démocrates et indépendants) dont son initiateur n’hésite pas à le qualifier de «forme moderne et écologique de l’UDF», oubliant qu’il ne s’agit pas (encore?) d’un parti mais d’un rassemblement de députés.

     

    Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une bonne nouvelle pour tous ceux qui réclament une réunion et une refondation du Centre.

     

    Malgré tout, les ambiguïtés demeurent.

     

    D’abord, on marquera son étonnement et une certaine incompréhension qu’il ait fallu attendre une déculottée électorale qui était prévisible et prévue pour que, tout d’un coup, les miettes éparses du Centre se rassemblent.

     

    Il est trop tôt, par ailleurs, pour savoir si l’UDI sera un vrai groupe «politique» ou plutôt un agrégat de députés qui, ensemble, peuvent disposer en tant que groupe de toute une série d’avantages.

     

    Le fait que tout le monde semble y aller sans aucune négociation sur le projet politique et sur le positionnement exact du groupe ferait plutôt penser pour la seconde hypothèse.

     

    En revanche, le traumatisme qui a suivi l’écrasement du Centre lors de la présidentielle puis des législatives militeraient plutôt pour la première hypothèse.

     

    Encore que ce ne soit pas un centriste qui en soit le chef mais Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, qui a toujours expliqué qu’il n’était pas un centriste mais un républicain social et écologiste.

     

    De plus, l’occasion était trop belle pour lui de renaître de ses cendres après avoir été la risée des Français avec sa vraie-fausse candidature à l’élection présidentielle.

     

    Du coup, les fanfaronnades assez déplacées d’Hervé Morin (qui se retrouve avec sept députés contre vingt-quatre dans l’ancienne assemblée) sur sa capacité à former un groupe dont il serait le chef, ont encore une fois démontré son sens politique limité.

     

    Le président du Nouveau centre devrait rejoindre ce groupe ou, peut-être l’UMP, tant ses positions ont l’air de se droitiser ces derniers temps.

     

    Dans sa dernière interview donnée au Figaro il parle de «droite» pour se définir politiquement et non plus de «centre-droit».

     

    Un glissement sémantique pas si innocent que cela quand on se rappelle ses déclarations sur les convergences entre les préoccupations de l’ancienne majorité et celles du Front national.

     

    En outre, ses pires ennemis intimes, ses anciens lieutenants, trustent les postes à responsabilité dans ce nouveau groupe.

     

    François Sauvadet en sera le vice-président et Jean-Christophe Lagarde, le porte-parole.

     

    Bien sûr, le groupe ne comprendra pas François Bayrou qui a été battu et qui a décidé de prendre du recul, mais les deux députés du Mouvement démocrate devraient s’y trouver.

     

    Si l’on se demande quel avenir peut encore avoir le parti de Bayrou, il serait tout de même étonnant que la majorité de ses dirigeants soit prête à rejoindre un nouveau parti centriste dont parle Borloo dans les semaines qui viennent.

     

    Alors que l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy explique que l’Union des démocrates et des indépendants est résolument dans l’opposition, bien des proches de François Bayrou ont fait des offres de service à François Hollande.

     

    Quant au Nouveau centre, la haine entre son président, Hervé Morin, et celui du Parti radical, Jean-Louis Borloo, n’augure pas d’une fusion entre les deux entités politiques.

     

    Si recomposition du Centre il y a (et elle semble inévitable), elle prendra plus de temps qu’un tour de passe-passe, fut-il positif.

     

    Mais celle-ci devra aussi se faire un état des lieux et une analyse honnêtes de ce qui a conduit les partis centristes dans le mur.

     

    Ce n’est que de cette façon que l’on pourra bâtir sur du solide.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • La disparition du Centre et la bipolarisation ne sont pas inévitables

     

     

     

    Nous y serions enfin! Après bien des tentatives et des prédictions de nombre de politologues, le Centre serait en voie de disparition du paysage politique français (il se porte très bien dans un certain nombre de pays).

     

    Les résultats du premier tour des élections législatives démontreraient qu’il n’y a plus de place pour des partis centristes sous le régime de la V° République.

     

    Force est de reconnaître que l’affirmation parait crédible.

     

    Avec moins de 6% des voix pour la totalité des formations qui se présentaient comme centristes ou au centre, il semble bien que nous soyons en train de vivre le crépuscule du Centre.

     

    Même chez les militants des partis centristes, l’heure est au découragement.

     

    D’autant que la bipolarisation de la vie politique se ferait entre deux partis «attrape-tout», un parti de droite positionné au centre-droit et un parti de gauche positionné au centre-gauche.

     

    Avec, à la clé, une gouvernance au centre.

     

    Dès lors, l’utilité même de partis centristes n’existerait plus.

     

    Voilà un constat qui parait limpide.

     

    Mais qui est un trompe-l’œil…

     

    D’abord, ceux qui nous annoncent la bipolarisation font l’impasse sur le Front de gauche et, surtout, sur le Front national.

     

    Les deux extrêmes sont bien vivants et pèsent sur la politique française même s’ils n’ont, pour l’instant, aucune chance de parvenir au pouvoir.

     

    Sans oublier les écologistes.

     

    Bien, nous disent les partisans de la bipolarisation mais tout cela revient à deux blocs où les gauches se retrouvent d’un côté et les droites de l’autre (à l’exception, pour l’instant, du Front national, présenté comme un parti de contestation, donc pas intégré réellement au jeu politique).

     

    D’ailleurs, une grande partie des centristes sont déjà dans ces deux blocs, les Radicaux de gauche avec le Parti socialiste, le Nouveau centre et le Parti radical avec l’UMP.

     

    Ce qui serait condamné serait un parti politique centriste autonome du style UDF et, surtout, du style Mouvement démocrate, celui qui affirmerait son indépendance entre la Droite et la Gauche.

     

    Je ne crois pas à cette thèse.

     

    Bien sûr, le mode de scrutin de la V° République est défavorable aux partis centristes.

     

    Mais ce scrutin n’a pas empêché l’existence de l’UDF créée en 1978 et qui fut, rappelons-le, le premier parti de France et alors même que les politologues avaient annoncé la disparition du Centre dès le début des années 1960.

     

    De même, il suffirait qu’une dose de proportionnelle soit instituée, comme l’a promis François Hollande, pour que la donne change.

     

    Mais même sans cela, l’existence d’un parti centriste n’est pas impossible, loin de là.

     

    Quel est donc le problème actuel du Centre?

     

    Prenons l’exemple de l’élection présidentielle pour examiner les deux erreurs commises par les centristes.

     

    La première est celle d’Hervé Morin qui a lui-même présenté sa candidature comme une candidature de témoignage puisqu’il avait déclaré que quoi qu’il arrive, il se désisterait pour Nicolas Sarkozy au second tour.

     

    En faisant cette annonce, il a démontré par l’absurde qu’il n’y avait aucun intérêt à voter pour lui puisque le Nouveau centre n’était en réalité qu’un simple appendice de l’UMP.

     

    La deuxième est celle de François Bayrou qui a encore une fois confondu indépendance et isolement.

     

    Car, après avoir voté François Hollande au deuxième tour de la présidentielle, il devait, en toute logique, conclure un accord entre son Mouvement démocrate et le Parti socialiste pour les législatives.

     

    Les partis centristes n’étant pas hégémoniques ont absolument besoin de conclure des alliances avec les formations qu’ils estiment les plus proches d’eux.

     

    Si, en l’occurrence, le Nouveau centre s’est allié avec l’UMP (de manière sans doute trop proche…), le Mouvement démocrate devait s’allier avec le Parti socialiste au nom de la cohérence du choix de son candidat à l’élection présidentielle et président omnipotent.

     

    Non pas pour perdre son indépendance mais pour éviter son isolement.

     

    Sans pour cela remettre en cause le «ni gauche, ni droite» qui est le positionnement, par définition, du Centre.

     

    Encore une fois, indépendance et isolement ne sont pas synonymes.

     

    Mais le problème avec François Bayrou, c’était qu’il était persuadé qu’il serait élu président de la république.

     

    Dès lors, il ne concevait une alliance que dans le ralliement à sa personne une fois qu’il serait élu.

     

    L’échec de son ambition le laissait, comme en 2007, sans aucune stratégie cohérente.

     

    Ainsi, la bipolarisation qui semble ressortir de cette élection législative est due en grande partie aux erreurs des centristes et à leurs stratégies incohérentes.

     

    Des erreurs amplifiées par leur désunion.

     

    Celle-ci n’est pas une donnée intangible même s’il existe diverses sensibilités centristes comme il en existe à droite et à gauche.

     

    D’un certain côté, l’erreur de François Bayrou de n’avoir pas conclu d’accord avec le PS pour les législatives laisse ouverte la possibilité d’une refondation et d’une réunion du Centre pour les cinq ans de la nouvelle législature.

     

    De même, le fait que le Nouveau centre et le Mouvement démocrate (ainsi que le Parti radical) se retrouvent dans l’opposition leur donne une indépendance beaucoup plus grande que s’ils devaient supporter le gouvernement en place.

     

    De là, ils peuvent trouver des synergies et des combats politiques communs et amorcer un rapprochement par l’action.

     

    C’est de cette façon que les Français les considéreront à nouveau comme utiles et auront envie de voter pour eux.

     

    Ce scénario est aussi crédible que celui de la disparition du Centre.

     

    Alors, l’idée d’une bipolarisation inévitable sera à ranger dans la rubrique des idées reçues.

     

    Tout cela, aussi, parce que le Centre et le Centrisme, les idées et les valeurs qu’ils portent sont celles qui sont les plus consensuelles de la démocratie du XXI° siècle qui est en train de se construire.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Des députés centristes pour quoi faire?

     

     

     

    On ne sait pas encore combien de centristes seront (ré)élus députés en juin prochain.

     

    Certains prédisent une bérézina pour les sortants et les challengers centristes, d’autres espèrent le maintien d’une majorité des sortants quand d’autres encore rêvent de quelques surprises venues des challengers.

     

    Au-delà de ce nombre, quelle sera l’utilité de ces députés du Centre dans la prochaine Assemblée nationale?

     

    On ne parle évidemment pas de celui qui consiste à représenter la population de leur circonscription et qui tombe sous le sens.

     

    C’est de leurs rôles en matière de politique nationale.

     

    Seront-ils les auxiliaires de la Droite? Auront-ils un tropisme de gauche? En profiteront-ils pour mettre en place un vrai Centre indépendant en se détachant de la Droite sans rejoindre la Gauche?

     

    Si l’on s’en tient aux déclarations, les centristes du Nouveau centre, du Parti radical et de l’UMP ont affirmé qu’ils demeureraient dans une alliance avec la Droite.

     

    De son côté, François Bayrou espère que le Mouvement démocrate pourra être une force indépendante et constructive de l’opposition alors que certains de ses proches auraient bien envie de s’allier avec le Parti socialiste et récupérer quelques strapontins ministériels.

     

    En réalité, ce que feront les députés centristes dépendra du résultat des élections, ce qui en soi est déjà une indication de l’état de délabrement actuel des partis centristes…

     

    Si la Droite remporte les législatives, les centristes alliés avec l’UMP demeureront sans aucun doute et sans aucune velléité d’indépendance avec ce dernier pour former la majorité parlementaire et pour diriger le pays sans aucune originalité de leur part, les cinq dernières années étant la démonstration de ce qui se passera dans les cinq à venir.

     

    Si la Gauche remporte les législatives, les centristes auront le choix entre une opposition dure au gouvernement et à François Hollande dans un suivisme aveugle de l’UMP, soit dans une opposition constructive avec la possibilité, sur certaines questions, de voter avec la Gauche et, sur d’autres de voter avec la Droite en rapport avec les valeurs centristes et les grands axes du projet politique centriste largement partagés du Nouveau centre au Mouvement démocrate.

     

    Cela pourrait augurer, petit à petit, d’un détachement de l’UMP pour les centristes alliés avec elle, d’un rapprochement entre ceux-ci et le MoDem ainsi que de la revendication d’une indépendance politique de toute la sphère se revendiquant du Centre.

     

    Ce serait bien sûr la solution politique idéale pour revitaliser, refonder et réunir le Centre.

     

    Ce serait, d’un autre côté, un pari risqué.

     

    N’étant ni avec la Droite, ni avec la Gauche, le Centre pourrait le payer cher lors des rendez-vous électoraux.

     

    Pourtant, ce positionnement ne serait pas aussi périlleux qu’il en a l’air de prime abord.

     

    D’une part, les centristes montreraient à la population leur indépendance, leur responsabilité, leur esprit de consensus et leur capacité à jouer un rôle constructif dans le gouvernement du pays à un moment crucial pour le présent et l’avenir de la France, ce qui leur permettrait d’engranger de la confiance et du crédit qui se paieraient positivement lors des prochaines élections.

     

    D’autre part, comme l’a promis François Hollande, une dose de proportionnelle devrait être instillée pour les législatives, ce qui permettrait de garder cette ligne d’indépendance sans trop craindre les mesures de représailles de la Droite et de la Gauche.

     

    Dès lors, les centristes ne seraient plus obligés d’être de simples supplétifs de la Droite ou de la Gauche.

     

    Le dernier cas de figure, c’est celui où ni la Droite, ni la Gauche n’ont de majorité absolue et que le Centre soit le lieu où se forme les majorités.

     

    Les centristes seraient évidemment l’objet de toutes les attentions mais aussi de toutes les attaques, quel que soit leur positionnement.

     

    Néanmoins, ils pourraient, s’ils montrent du courage politique, faire avancer leurs idées en permettant au président élu d’avoir un gouvernement de son camp tout en défendant les positions centristes sur les grands dossiers comme, par exemple, la relance économique, la maîtrise des finances et de la dette publiques, une éducation nationale plus performante, un modèle social français modernisé, une union européenne revigorée et renforcée, votant ainsi de manière indépendante et permettant que des mesures venues de la Droite, de la Gauche et, bien évidemment, du Centre soient votées quand elles sont bonnes, selon eux, pour la France.

     

    Ce cas de figure recèle également son côté sombre de basse politique qui serait de se rallier à l’un ou l’autre camp afin de récupérer le plus possible d’avantages politiciens tout en n’assumant pas une responsabilité historique qui leur tendrait les bras.

     

    On le voit, les élections législatives peuvent donner beaucoup de pouvoir au Centre (même si ce n’est pas le scénario privilégié par les analystes politiques).

     

    Mais, ce pouvoir, s’il existe à l’issu du vote des Français, devra être bien utilisé.

     

    Au vu de ce que les partis centristes nous ont proposé dernièrement, on ne peut manquer d’être assez inquiet.

     

    Mais il vaut mieux s’inquiéter de ce cas de figure plutôt que d’attendre que les quelques centristes qui réussiront à (re)venir au Palais Bourbon ne comptent, une nouvelle fois, que pour pain et beurre pendant cinq ans.

     

    Jusqu’à ce que les Français s’en aperçoivent.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Pour gagner, le Centre doit être indépendant et ouvert à des alliances

     

     

     

    Sociologiquement parlant, les démocraties occidentales sont désormais centristes dans l’âme. Un phénomène du, entre autres, à l’élévation du niveau de vie général et au développement d’une importante classe moyenne. Les solutions extrêmes sont souvent rejetées par l’énorme majorité de la population. Ainsi, une majorité des électeurs se situent dans le spectre large de la modération, de la droite modérée à la gauche modérée en passant par le Centre.

     

    Politiquement parlant, en revanche, on en est encore loin. Les joutes politiciennes sont toujours aussi exacerbées, les discours enflammés même si, ensuite, le gouvernement des pays se fait le plus souvent au centre de l’échiquier politique parce que c’est le seul lieu responsable pour agir.

     

    Dès lors, les partis du Centre qui ont vocation à occuper une position incontournable dans le gouvernement de ces pays avancés, doivent poursuivre deux buts. Loin d’être antimoniques, ils sont, au contraire, absolument complémentaires: affirmer la spécificité irréductible de la pensée centriste et nouer des alliances électorales et de gouvernement afin de participer au pouvoir lorsqu’ils ne sont pas majoritaires.

     

    C’est le cas particulier de la France.

     

    Si l’on voulait faire un clin d’œil à l’actualité du moment, les partis centristes français doivent agir, à la fois, comme François Bayrou et Hervé Morin, les deux anciens compères devenus ennemis irréductibles (ce qui ne veut pas dire grand-chose en politique où les séparations fracassantes ne sont que les préludes aux retrouvailles en grandes pompes)!

     

    Le splendide isolement centriste ou, à l’opposé, le ralliement systématique et sans conditions sont, tous deux, extrêmement dangereux pour les idées du Centre.

     

    Les cinq dernières années sont là pour le démontrer amplement. François Bayrou, dans son splendide isolement n’a pas fait progresser d’un iota la cause centriste. Et son probable échec lors du premier tour de la présidentielle sonnera sans doute le glas de ses ambitions et peut-être de sa carrière politique.

     

    Mais Hervé Morin et ses compères qui se sont ralliés sans condition après le premier tour de 2007 n’ont pas fait mieux pour le Centre. En témoigne la tentative désespérée et désespérante de ce dernier pour se présenter à la présidentielle. Mais la non-existence du Nouveau centre face à l’UMP pendant cinq ans ont abouti à ce que les Français, non seulement, ne comprenaient pas pourquoi son leader voulait se présenter contre Nicolas Sarkozy. Plus grave, ils ne le connaissaient même pas pour une grande partie d’entre eux et encore moins ses opinions politiques…

     

    Il faut dire que le Centre dispersé de 2007 - une partie, dont une majorité de militants, avec Bayrou et le futur Mouvement démocrate, une partie, dont la quasi-totalité des députés de feue l’UDF, ayant fait sécession pour s’allier avec l’UMP en créant le Nouveau centre, une partie, dont de nombreux centristes historiques, ayant intégré l’UMP depuis 2002 et une partie se trouvant au centre-gauche aux Radicaux de gauche ou même dans le PS (cette dernière préférant passer directement au ralliement avec Sarkozy sans passer par la case «Centre») - ne pouvait pas peser grand-chose pour imposer la prise en compte de ses vues et de ses valeurs. Les quelques miettes récoltées et fêtées comme des victoires éclatantes par les centristes de la majorité présidentielle ne peuvent cacher cette réalité.

     

    Ce qui est grave pour le Centre, c’est que cette configuration risque de perdurer. Déjà, pour la présidentielle, le Centre est désuni. Il y a peu de chances au jour d’aujourd’hui, pour qu’il soit réunifié pour les législatives (comment Bayrou, Morin et Borloo peuvent-ils s’entendre?).

     

    Ce n’est donc qu’après cet épisode électoral qui risque d’être une bérézina pour le Centre que les centristes se mettront peut-être autour d’une table pour discuter. Et l’on espère qu’ils le feront sérieusement et sans mettre en avant leurs égos surdimensionnés face à leurs réalités électorales.

     

    Demain, le Centrisme ne pourra devenir en France une pensée dominante que si les politiques qui prétendent s’en référer prennent ces fameuses responsabilités dont ils parlent à tout bout de champ… pour les autres!

     

    Cela passe par défendre leurs valeurs, non dans un splendide isolement, tout en trouvant des passerelles avec des partis proches de leurs idées afin de nouer des alliances, non des ralliements.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

    Voir le site Le Centrisme

     

  • Oui, le Centre et le Centrisme existent messieurs les politologues

    Dans les années 1960-1970, Maurice Duverger, professeur de droit constitutionnel et de sciences politiques alors à la mode, a fait de la négation de l’existence d’un Centre indépendant et d’une pensée centriste originale un fonds de commerce. Selon lui, «toute politique implique un choix entre deux types de solutions: les solutions dites intermédiaires se rattachent à l’une ou à l’autre. Cela revient à dire que le centre n’existe pas en politique: il peut y avoir un parti du centre, mais non pas une tendance du centre, une doctrine du centre. On appelle ‘centre’ le lieu géométrique où se rassemblent les modérés des tendances opposées: modérés de droite et modérés de gauche. Tout centre est divisé contre lui-même, qui demeure séparé en deux moitiés: centre gauche et centre droit. Car le centre n’est pas autre chose que le groupement artificiel de la partie droite de la gauche et de la partie gauche de la droite (…). Le rêve du centre est de réaliser la synthèse d’aspirations contradictoires: mais la synthèse n’est qu’un pouvoir de l’esprit. (…) L’histoire des centres illustrerait ce raisonnement abstrait: qu’on suive par exemple l’évolution du Parti radical sous la Troisième République, celle du Parti Socialiste ou du Mouvement des républicains populaires sous la Quatrième. Il n’y a de centres véritables que par superposition des dualismes: le MRP est politiquement à droite, socialement à gauche; les radicaux, économiquement à droite, mystiquement à gauche, etc.».
    Cet argumentaire permet, à périodes répétées, à de nombreux politologues qui le partagent, de lancer une campagne de négationnisme du Centrisme, en particulier lors de chaque élection nationale, quelles soient présidentielles ou parlementaires.
    Cette présidentielle ne fait évidemment pas exception. Au moment même où François Bayrou se retrouve en grande difficulté dans les sondages et que sa stratégie ne permet pas de l’identifier clairement politiquement – est-ce un hasard?-, trois professeurs des universités, suivant l’exemple de Duverger, jouent la carte du relativisme du Centre dans de récentes contributions et interventions. L’un enseigne les sciences politiques, Pierre Bréchon, à l’université de Grenoble, les deux autres, l’histoire, Serge Bernstein à Sciences Po et Jean Garrigues à l’Université d’Orléans(*).
    Ils reposent un débat sémantique sur le Centre et le Centrisme qui n’est guère anodin car il renvoie, aussi, à la place de celui-ci dans la politique passée mais surtout présente et future.
    Ils reprennent également cette idée que les institutions de la V° République ont vocation à faire disparaître le Centre de la vie politique française par une bipolarisation. Jean Garrigues affirme, par exemple, que «avec la V° République et la présidentialisation des institutions, une bipolarisation de la vie politique française est apparue. Dans cette configuration, le centrisme a vocation à disparaitre ou à se retrouver en situation systématique de ralliement au deuxième tour de la présidentielle. Il peut exister uniquement comme une force d’appoint pour l’élection présidentielle.» Or, depuis 1958, soit cinquante-quatre ans après l’adoption de la Constitution marquant la naissance de cet opus 5, cette prédiction a été contredite par les faits que notre «expert» semble dédaigner…
    La «note» de quatre pages du Cevipof (Centre d’étude de la vie politique de Sciences Po Paris) sur l’indécision des électeurs du Centre écrite par Pierre Bréchon veut donner quelques explications pour comprendre le comportement des électeurs qui votent au centre ou qui se disent du Centre.
    Nombre d’entre elles sont intéressantes et plusieurs sont pertinentes. Mais Pierre Bréchon ne voit le Centre que comme un milieu de la Droite et de la Gauche, affirmant que s’il y a un Centre, il ne peut se définir que par une Droite et une Gauche… «Évidemment, écrit-il, la reconnaissance qu'un parti ou un candidat est centriste n'a rien de naturel. Il dépend de l'ensemble de l'offre politique (on ne situe le centre que par rapport à ce qui l'entoure) et se révèle un enjeu, selon que l'appellation est ou non valorisée dans l'opinion publique». Une opinion partagée par Serge Bernstein qui affirme que «définir le centrisme est à la fois facile… et un peu décevant!». Car, selon lui «il s'agit tout d'abord, si l'on veut, d'un lieu géométrique: les centristes se positionnent comme compromis entre deux extrêmes».
    A quoi, on pourrait leur répondre que s’il y a une Gauche, elle ne peut se définir que parce qu’il y a un Centre et idem pour la Droite mais cela ne semble pas leur avoir traversé l’esprit!
    Du coup, pour Pierre Bréchon, «dans le vocabulaire politique classique, les électeurs du centre sont des personnes qui ne se situent ni à droite, ni à gauche mais s’identifient à une position intermédiaire, entre les deux grands camps de l’espace politique». Malgré tout, continue-t-il, «on pourrait dire qu’il y a à la fois des centristes convaincus et des centristes nominaux, plutôt apathiques du point de vue politique». Très bien. Mais le voilà qui retombe ensuite dans le tropisme du «gauche et droite définissant le centre»: «Ces centristes convaincus affichent des positions intermédiaires entre celles des partisans de la gauche et de la droite. En 2007, ils étaient moins favorables à une régulation de l’économie que les personnes orientées à gauche mais plus favorables que les gens de droite. Dans certains domaines, notamment tout ce qui touche au libéralisme culturel (reconnaissance des droits des étrangers, refus du tout sécuritaire), ils étaient assez proches de la gauche mais très distants des électeurs de droite».
    Notons qu’être «assez proches», n’a jamais voulu dire «être identiques» ou faire siennes les idées des autres. Car, si c’est le cas, on pourrait affirmer que l’énorme majorité de ceux qui votent sont en faveur de la démocratie et qu’étant «assez proches» en la matière, cela signifie, donc, qu’ils sont tous d’un même courant politique ou que les idées de Gauche sont, par exemple, les mêmes que celles de Droite, selon cette thèse de la proximité…
    Quant à Serge Bernstein, parlant d’un positionnement centriste, il explique que «dans tous les cas, le contenu est mouvant par nature». Et n’ayant pas relu ses classiques (dont les écrits du CREC!), ni consulté les programmes centristes tout au long de l’histoire, il peut affirmer péremptoirement: «il n'existe aucune doctrine centriste, et le programme des partis définis comme tels dépend et du lieu et de l'époque, auxquels appartiennent des enjeux politiques et des forces en présence bien spécifiques.» Remarquons qu’une telle phrase s’applique à toutes les doctrines politiques et à tous les programmes de tous les partis si on le souhaite!
    De son côté, Jean Garrigues commence par reconnaître qu’il y a «toujours eu historiquement en France un courant centriste ou une sensibilité centriste, démocrate et chrétienne». Mais pour immédiatement affirmer que ce courant «réunit un certain nombre d’hommes venus de la droite libérale ou de la gauche radicale», excluant ainsi tout positionnement centro-centriste... Selon lui, cette «sensibilité composite» qui est «formée de personnes issues de familles différentes», «partagent certaines valeurs communes : l’humanisme, l’attachement à la République, le christianisme social (conception plus sociale que celle de la droite traditionnelle) et un penchant pour l’Europe, bien sûr.» Une vision quelque peu réductrice. Elle a tout de même l’avantage sur les deux autres de n’être pas caricaturale.
    Au moment de définir le Centre, Pierre Bréchon accepte que ceux qui s’en réclament soient automatiquement déclarés ‘centristes’, sans aucune analyse précise de ce qu’ils disent ou font: «dans certaines élections, identifier les candidats centristes n’est pas évident car le centre n’a pas de frontières claires et il est souvent divisé en un nombre important de petits groupes politiques». Et dirait-il la même chose de la Droite et de la Gauche qui comptent aussi de multiples «groupes politiques», petits et grands? Si Hollande est à gauche, où est Mélenchon et inversement. Même chose pour Villepin et Sarkozy… Pas facile donc de fixer des frontières claires à gauche et à droite! Tout comme le Centre, la Gauche et la Droite ne sont pas monolithiques.
    Et Serge Bernstein, pour nier l’existence d’un Centre indépendant appelle à la rescousse… Georges Pompidou! On se rappelle que le deuxième président de la V° République fut élu au second tour face à un candidat… centriste, Alain Poher. Celui-ci ayant déclaré un jour «je suis centriste», Bernstein en profite pour expliquer qu’être centriste est «un comportement visant à gouverner, non en fonction de vues extrêmes mais en arbitrant en faveur de la plus grande partie de la population et en évitant les excès».
    En fait, cela s’appelle simplement «gouverner au centre», pratique bien connue des extrêmes qui, après avoir tout promis lors des campagnes électorales, sont bien obligés de se confronter à la réalité et à agir en fonction de celle-ci et éviter à tous prix de mettre en œuvre leurs promesses électorales, non seulement irréalistes, mais très dangereuses. Serge Bernstein ne dit d’ailleurs pas autre chose: «de fait, on trouve un tel pragmatisme de la part de beaucoup de gouvernements : ce sont en général les ‘modérés’, de droite comme de gauche, qui occupent les fonctions exécutives».
    Enfin, en historien, Serge Bernstein termine sa démonstration par cette idée que le Centre est une arlésienne. Il affirme ainsi que «le centrisme refait son apparition lors des élections présidentielles de 2007 et de 2012 (nda: quid de toutes les autres présidentielles de la V° République où un candidat centriste a toujours été présent, sauf peut-être en 1995, sans parler de toutes les élections parlementaires, municipales, etc.), avec un argumentaire qui rejette à la fois le bilan de la droite et celui de la gauche, tout en reprenant une partie du programme de chacun».
    Nos trois compères ne sont évidemment pas les seuls dans le milieu universitaire à considérer que seule l’opposition droite-gauche structure le paysage et le débat politiques en France (et même ailleurs), le reste des positionnements politiques devant, inévitablement, entrer dans ce schéma réducteur et… faux.
    Historiquement, les gens du Centre, au centre, du milieu, de la modération, de la «médiocrité» (dans son sens premier de modéré et du milieu et non dans celui péjoratif qu’il a acquis), ne se définissent pas par rapport aux extrêmes mais par rapport à une vision de la société qu’ils veulent ouverte et tolérante pour tous, permettant à chacun de se réaliser. De ce point de vue, ils estiment que les extrêmes donnent de mauvaises solutions pour gérer la société, sans pour autant que leur pensée soit structurée à la base par lesdits extrêmes. Mais c’est la même chose avec les extrêmes qui estiment que le Centre propose de mauvaises solutions…
    Dès lors, faire à nouveau du Centrisme une pensée avec une pincée de sel de droite et une pincée de poivre de gauche ou inversement est une escroquerie intellectuelle. Ici, dans Le Centrisme et au CREC, nous expliquons depuis longtemps qu’il existe réellement une pensée centriste, un Centrisme aux valeurs humanistes et au principe du juste équilibre. Bien entendu, tout comme le socialisme ou le corpus des idées définissant la Droite, cela ne veut pas dire que les partis ou les politiques qui s’en réclament les mettent réellement en pratique lorsqu’ils sont au pouvoir. De même, quand la Droite ou la Gauche, minoritaires, entrent dans des coalitions pour gouverner, elles ne peuvent imposer leurs idéologies respectives. Pour autant, elles demeurent Droite et Gauche.
    On aimerait que les spécialistes de la politique, quelles que soient leurs appellations, se rappellent que les critères qu’ils appliquent au Centre pour le nier doivent également s’appliquer à la Droite et à la Gauche si l’on veut avoir un vrai débat sérieux. Et si c’était le cas, parions que la pratique du Parti socialiste ferait de grands écarts par rapport à la «pensée de Gauche». Même chose pour l’UMP et la «pensée de Droite». L’existence d’une pensée centriste est indépendante de ceux qui affirment la mettre en pratique. Et, au même titre que les pensées de la Gauche et de la Droite, elle structure le débat politique dans une démocratie et, ce, depuis que celle-ci existe.

    Alexandre Vatimbella

    (*) «Des électeurs du Centre encore très incertains de leur vote», Pierre Bréchon, note du Cevipof / Interview de Serge Bernstein, site web Toute l’Europe / Interview de Jean Garrigues, site web Atlantico